Les artistes

Ossip ZADKINE

Qui était Ossip ZADKINE ?

Né le 14 juillet 1890 à Smolensk. Mort le 25 novembre 1967 à Paris. XX° siècle. Depuis 1909 actif, puis vers 1918 naturalisé en France. Russe. Sculpteur de monuments, figures, peintre à la gouache, dessinateur, lithographe, graveur, illustrateur, peintre de cartons de tapisseries.

Ossip ZADKINE dans le monde artistique

Zadkine a raconté lui-même qu’à seize ans, en 1905, il fut envoyé dans une ville du nord de l’Angleterre, Sunderland, pour y apprendre les « bonnes manières ». Il y suivit des cours du soir à l’Arts School locale. Déjà l’attirait seule la sculpture et, en 1906, il s’enfuit à Londres pour s’initier aux premiers rudiments de son art. Après un rappel à Smolensk, en 1907, des vacances en 1908 à Vitebsk, son père, compréhensif, le renvoya à Londres où il fut élève de l’Arts and Crafts School, fréquentant avec passion le British Museum, découvrant la statuaire grecque, puis à Paris en 1909, avec toute licence de se consacrer à sa vocation. Ici, il entre sagement à l’Ecole des Beaux-Arts, dans l’atelier d’Antoine Injalbert,… qu’il fuira d’ailleurs six mois après. L’admiration qu’il vouait à Rodin s’accommodait mal de l’enseignement officiel.

En 1910, il passa ses vacances à Smolensk. En 1911, il s’installe dans un atelier du 35 de la rue Rousselet, qu’il ne quittera qu’en 1928 pour son atelier du 100 de la rue d’Assas, devenu après sa mort le Musée Zadkine. En 1912, il rencontra Apollinaire, Cendrars, Archipenko, Lipchitz, Picasso, Survage, qu’il retrouva, en 1913, avec toutes les figures de l’avant-garde, chez la baronne d’Oettingen (la soeur de Serge Férat).

En 1914, il se rallie au cubisme, comme Laurens et Lipchitz adaptant les principes de la peinture cubiste à la troisième dimension. Il est bientôt interrompu pour deux ans et demi, engagé volontaire dans la Légion étrangère, gazé, hospitalisé, puis réformé. En 1920, il se maria avec le peintre Valentine Prax. Ensuite, il ne pouvait plus se passer grand-chose, encore plus que pour le peintre, le sculpteur ne peut se déplacer comme l’escargot avec son atelier sur le dos. Quelques voyages : 1931 en Grèce, 1937 à New-York. Pour le mouvoir, il fallut, en 1940, l’invasion de la France par les armées nazies, il dut gagner l’Amérique pour revenir à Paris dès 1945, où l’on vit de nouveau dans Montparnasse ce beau vieux jeune homme au visage aigu d’oiseau et à l’éclatante toison blanche. Il aima former plusieurs générations d’élèves issus du monde entier, soit à l’Académie de la Grande Chaumière, où il avait été appelé à son retour en France, soit à l’Ecole des Beaux-Arts à partir de 1962, soit à son propre atelier de la rue d’Assas.

D’entre les très nombreuses expositions collectives auxquelles il a participé, quelques unes : en 1910 l’Exposition des Jeunes Peintres et Sculpteurs de Saint-Pétersbourg ; 1911 à Paris, groupe avec Modigliani et Kisling ; 1923 Paris, Peinture et Sculpture Contemporaines, galerie Paul Guillaume ; 1925 Paris, Exposition Internationale des Arts Décoratifs ; 1950 Biennale de Venise ; 1966 l’exposition Dessins de sculpteurs de Rodin à nos jours, au Musée des Beaux-Arts de Strasbourg ; 1979 Paris, Paris-Moscou, Centre Beaubourg.

De nombreuses expositions individuelles lui ont été consacrées : de 1919 et 1920 datent ses premières expositions à Bruxelles et Paris ; puis Paris, 1921, galerie Barbazanges ; Bruxelles, 1928 ; Philadelphie, 1931 ; Chicago, 1933 ; Paris (Petit Palais), 1933 ; Bruxelles (Palais des Beaux-Arts), 1948 ; Amsterdam (Stedelijk Museum), 1948 ; Paris, rétrospective (Musée National d’Art Moderne), 1949 ; La Chaux-de-Fonds (Musée), 1951 ; Londres, 1952 ; Arnhem, 1952 ; Darmstadt, 1953 ; Anvers, 1953 ; Tokyo, 1954 ; Arnhem (Musée), 1954 ; Paris (Maison de la Pensée Française), 1958 ; Paris, Hommage à Zadkine (Musée d’Art Moderne de la Vile et Musée Rodin), 1972-1973 ; Arles, 1992, Musée Réattu et Espace Van Gogh ; Paris 1993, Couvent des Cordeliers ; Paris, Dessins de 1916 à 1967 au musée Zadkine, 1994-1995.

En 1950 lui fut attribué le Grand Prix de Sculpture de la Biennale de Venise ; en 1960, le Prix de Sculpture de la Ville de Paris.

Style(s), technique(s) et oeuvres d’Ossip ZADKINE

L’admiration de Rodin n’entraîna chez Zadkine aucune influence formelle ni technique. Il admirait Rodin d’avoir été un plasticien irréprochable sans avoir pour autant sacrifié en rien l’expression. Cette volonté de ne pas laisser de côté l’éventuel « message » que peut comporter et transmettre l’oeuvre d’art, n’a nullement écarté Zadkine de l’évolution des problèmes formels de son temps. Outre la sculpture romane et gothique, la sculpture nègre lui apporta, de 1912 à 1920, des solutions nouvelles à la synthèse des volumes et à l’alternance des creux et des pleins, des courbes et des contre-courbes. Ces influences, qui peuvent être dites culturelles, contribuèrent au fait que, bien qu’ayant adhéré aux principes de base du cubisme, il sut d’emblée les infléchir selon ses propres aspirations : Le Prophète bois de 1914, La femme à l’éventail bronze de 1914, puis, après la guerre : Formes et Lumières bronze doré de 1918, Le Joueur d’accordéon bronze de 1918. Bien que recourant aussi au bronze, la taille directe dans le bois répondait alors exactement à l’impulsivité de son élan créateur. De grands troncs d’arbres, il faisait surgir des corps ployés ou des couples entrelacés, ainsi de la Déméter, de 1918.

De 1921 à 1925, le cubisme, perçu moins formellement qu’en 1914 et plus intimement par l’intermédiaire de Brancusi et d’Archipenko, moins par l’esprit plus par les sens, marqua fortement sa production, notamment dans ses eaux-fortes, aquarelles et gouaches, abondantes à ce moment. Toujours généralement fidèle à la taille directe, c’est cependant dans la pierre, moins docile que le bois, qu’il trouva la rigueur hiératique correspondant à ses nouvelles aspirations : Femme à l’éventail de 1923.

Toutefois, et cette bipolarisation de son art marquera définitivement tout son oeuvre et donc son style, c’est à partir des années vingt que, admettant sans doute certaines contradictions inhérentes à son être profond, il complétera, dans sa pratique, ce que le cubisme lui avait apporté de rigueur « classique » par un égal apport de liberté « baroque ». De cette dialectique entre ordre et fantaisie, structure et imagination, résultera désormais une sculpture dynamique, lyrique : Les jeunes filles à l’oiseau, Les musiciennes et Joueuses à la balle de 1928. En 1925, s’imposa à lui la nécessité de laisser la part plus belle à son instinct de créateur et de poète. La forme se libère, il essaie même des subtilités du modelage, glaise ou plâtre, dans des compositions plus prolixes : les Ménades de 1934, l’Homo sapiens de 1935, de la polychromie : Rebecca de 1930. En 1932, il créa un haut-relief de ciment pour la façade de l’hôtel de ville de Poissy. De plus en plus, tout en continuant de privilégier la taille directe, il a étendu l’usage des techniques et matériaux, toutes les essences de bois, les ciment, granit, lave, marbre, les bronze, cuivre poli, aluminium, en fonction de leur adéquation à l’expression de la diversité des thèmes projetés, figure humaine, bustes-portraits, hommages à la poésie, à la musique, Jean-Sébastien Bach, aux artistes, Rodin, Van Gogh, cycles biblique et mythologique, horreur de la guerre, célébration de la paix.

On peut dire que c’est depuis 1925, après un inévitable cheminement que Zadkine s’est trouvé en pleine possession des moyens qui devaient convenir à l’édification de son oeuvre propre. Ce fut dans cette période qu’il commença systématiquement à intervertir les facteurs constituant le volume : les reliefs remplacés par des creux, les courbes par des droites et réciproquement, ce qui avait pour effet d’intervertir ombres et lumières, ombres où l’on attend lumières, lumières en place des ombres. Dans les quelques années qui précédèrent la guerre de 1939, Zadkine avait porté sa technique à son maximum d’efficacité : afin d’alléger encore plus les formes qu’il voulait libérées de la pesanteur, il les perçait d’ouvertures par où l’oeil a l’impression de les percevoir de tous les côtés à la fois.

Après la guerre, Zadkine, ayant sans doute fait le tour complet des ressources, voire des prouesses, que lui proposait cette technique de la sculpture qu’il avait recréée à son propre usage, en délaissa quelque peu l’expérimentation formelle pour la subordonner à l’expression des sentiments puissants, ou même violents, qu’il voulait communiquer. Déjà la Prisonnière, sculptée en 1943 aux Etats-Unis, où il avait trouvé refuge, plus qu’une femme derrière les barreaux était la représentation de l’idée même de la liberté. L’Orphée, dans sa version de 1948, n’est plus que rythme se déroulant dans l’espace. La Ville détruite, monument de bronze élevé sur le quai de Leuvehaven à Rotterdam, qu’il exécuta de 1948 à 1951, ne commémore pas la destruction de la ville par les Allemands en montrant une allégorie de ruines, mais en lançant vers le ciel un cri de douleur plastique, un « cri d’horreur », comme il l’a écrit lui-même au cours des nombreux commentaires dont il a toujours accompagné son activité de sculpteur, tant est évidente chez lui, depuis son admiration pour Rodin, la dimension poétique qui provoque la création plastique. En 1955, il réalisa un haut-relief d’aluminium pour l’usine Tornado, à Ettenlen en Hollande. De 1955 à 1967, c’est à dire dans la dernière partie de sa vie, il consacra une grande part de son activité à la gravure.

D’entre ses principales oeuvres, quelques unes, chronologiquement :

• 1915 : Le Prophète (bois)
• 1918 : Femme à l’éventail (pierre), Déméter (bois), Tête (marbre)
• 1919 : Maternité (bois doré)
• 1920 : Dragon (pierre)
• 1922 : L’esclave (bois), La Musicienne (pierre)
• 1923 : Tête (lave)
• 1924 : Torse (pierre)
• 1925 : Hermaphrodite (bois), Tête (cuivre), Jeune homme (bois), Torse (pierre), Vénus (bois)
• 1926 : Femme à l’éventail (pierre), Joueur d’accordéon (bois), Niobé (bois), Tête (pierre), Fontaine (pierre), Torse (bois doré), Tête de jeune fille (albâtre), Pomone (bronze), Tête (marbre et incrustations)
• 1927 : Tête d’homme (bois), Les trois grâces (bronze), Cerf (bois doré), Les trois belles (bronze), Torse (pierre), La belle servante (pierre), Intimité (bronze),
• 1928 : Orphée (bois), Jeune fille à la colombe (bronze), Femme assise (bois), Torse (lave), Le Discobole (bois)
• 1929 : Cadran solaire (plâtre), Oiseau (cuivre), Les trois amies (bronze), Portrait de Mme Maria Lani (bronze), Bas-reliefs (plâtre), Saint-Sébastien (plâtre)
• 1930 : Le sculpteur (bois polychromé)
• 1932 : Les trois grâces de madrépore (bronze), Les joueuses de balle (bronze)
• 1933 : Le sculpteur (bois), Tête de femme (quartz)
• 1934 : Le conseiller (bronze), Le sculpteur (pierre, verre peint et plomb), Orphée (bois), Odalisque couchée regardant le ciel (bois)
• 1935 : Torse de femme (granit), Les Musiciennes (bronze), Laocoon (bronze), Double portrait de M. et Mme Wiergesma
• 1936 : Torse de femme (pierre), Orphée (bronze), Statue pour un jardin (pierre), Hommage à Bach (bois), Musiciens (bronze), Intimité (terre cuite)
• 1937 : Le Concerto (bronze), Homo sapiens (bois)
• 1938 : Projet de Monument à Alfred Jarry (plâtre), Arlequin (bois polychromé), Motif décoratif (bois polychromé),
• 1939 : Diane (bois), Le compositeur (bronze), Torse (bois), Diane (bronze)
• 1941 : Le sculpteur (terre cuite), Clementius (marbre), Le poète (marbre)
• 1943 : La jeune fille à l’oiseau (pierre), La prisonnière (plâtre), Torse (pierre), Tête (marbre), Tête d’homme (quartz), Arlequin hurlant (bronze), Nature morte (pierre), Le guerrier (plâtre), Le fumeur de pipe (plâtre), Le Rêveur (grès), Le fumeur de pipe (plâtre), Le Rêveur (grès)
• 1944 : Phénix (bronze), Tête de nègre (terre cuite), Femme et oiseau (granit), La bonne nouvelle (marbre et grès), Hommage à Rodin (plâtre), Torse de femme (bois)
• 1946 : Projet de Monument pour Guillaume Apollinaire (plâtre), La terreur (terre cuite), Maternité (bronze)
• 1947 : Naissance des formes (bronze), Le guitariste (terre cuite), Projet de Monument pour une ville détruite, Amsterdam (plâtre)
• 1948 : Germination, La naissance des formes (bronze), Forêt humaine (terre cuite)
• 1949 : Orphée (bronze), Intimité (bois)
• 1950 : Retour du fils Prodigue (terre cuite), Centaure (bronze), Pomone (bois), Le labyrinthe (terre cuite)
• 1951 : Intimité ou le Narcisse (bois)
• 1952 : Pieta (terre cuite), Les trois belles (cuivre)
• 1953 : La Vierge et l’Enfant (bois), Retour du Fils Prodigue (bois), Retour de la fille Prodigue (bois), Le messager (plâtre), Il penseroso (plâtre)

Cette liste très abrégée suffit pourtant à faire remarquer la répétition de nombreux thèmes, Femme à l’éventail, Joueur d’accordéon, Orphée, Les trois belles, et autres, repris à des époques diverses de son oeuvre dans des techniques différentes et surtout dans un esprit différent, reprises et variations de thèmes qui peuvent provoquer des confusions.

Avec Raymond Duchamp-Villon, Henri Laurens, Jacques Lipchitz, et peu d’autres, Zadkine fut de ceux qui introduisirent la sculpture dans la dynamique cubiste, ou réciproquement. Cependant Zadkine s’est toujours déclaré résolument contre le formalisme pur. Les commmentateurs de l’oeuvre de Zadkine insistent à juste titre sur ce point : la réintroduction d’une poétique dans la sculpture par le refus de l’abstraction, la préservation, même aux limites de l’identifiable, de l’apparence humaine, le souci de la beauté des rythmes et des attitudes. De ces faits l’ensemble de l’oeuvre est divers. Peut-être a-t-on pu en regretter la baroquisme au dépens de la rigueur, ce fut son parti et c’est une des composantes de son style, de sa personnalité.

phoenix een beeldhouwwerk van ossip zadkine

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